L'exposition

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Premières discriminations

  • Dès l'accession au pouvoir d'Hitler en Allemagne en 1933, les enfants sont touchés par l'isolement et l'exclusion qui peu à peu vont être imposés aux Juifs. Avant même les décrets d'exclusion des enfants juifs des écoles, ceux-ci sont confrontés à travers leurs parents à une violence civile et morale dont ils ne comprennent pas vraiment l'origine, ni la raison.

    « Frappez le Juif ». Dessin représentant la « Nuit de Cristal » réalisé par un enfant réfugié au Château de la Guette pour fuir les persécutions. France, 1939.
    © Mémorial de la Shoah/CDJC.

  • Au lendemain du pogrom de novembre 1938, la « Nuit de Cristal », débute une première opération de sauvetage d'enfants, les kindertransport, qui permet l'émigration vers le Royaume-Uni d'environ 10 000 enfants. Le déclenchement de la guerre mettra un terme à cette opération piégeant non seulement les enfants mais aussi avec eux plusieurs centaines de milliers de Juifs dans le IIIe Reich.

    Enfant juive allemande à son arrivée au camp de réfugiés de Harwich. Angleterre, 2 décembre 1938.
    © Mémorial de la Shoah/CDJC.

  • En France, dès juillet 1940, le régime de Vichy prend des mesures coercitives contre les Juifs, comme ici l'interdiction d'accès à ce parc jeux pour enfants, à Paris (1942-1944).

    Coll. Mémorial de la Shoah / CDJC.

Enfermement

  • Les nazis édictent des lois antijuives dès leur entrée en Pologne en septembre 1939, et forment des centaines de ghettos. La peur, la faim, les maladies dévorent les enfants des ghettos. Laissés à eux-mêmes par la mort des parents ou la séparation par le travail forcé, ils survivent dans des centres d'accueil de fortune. Les écoles sont rares, et surpeuplées. Généralement interdites à partir de 1941, partiellement autorisées à Varsovie ou Lodz, elles sont surtout clandestines.

    Une école clandestine dans le ghetto de Kaunas. Lituanie, 1941-1942.
    Photo David Chaim Ratner.
    © United States Holocaust Memorial Museum, courtesy Eliezer Zilberis.

  • Le 24 novembre 1941, les Allemands créent un ghetto juif dans la ville fortifiée de Terezin, en Tchécoslovaquie, à la fois ghetto et camp de transit sur le chemin menant à Auschwitz. Une vie culturelle de grande qualité s'organise à Terezin du fait de la présence d'artistes juifs. Quinze mille enfants passent par Terezin. Près de 90% d'entre eux périrent dans les camps de la mort.

    Une poupée fabriquée dans le ghetto, Terezin, Tchecoslovaquie, c. 1942-1943.
    © Musée-Mémorial de terezin, Prague. République Tchèque.

  • Dessin d'enfant réalisé au Château de la Guette à Villeneuve-le-Comte (Seine-et-Marne), France, 1939.

    Coll. Mémorial de la Shoah/CDJC.

  • Documenter par des films ou des photographies les étapes de la « Solution finale » est interdit par les nazis eux-mêmes. Pourtant, de nombreuses images nous sont parvenues : certaines d'entre elles sont devenues emblématiques du sort tragique des enfants. Connue dès l'immédiat après-guerre, cette image d'une des grandes rafles du ghetto de Varsovie s'est progressivement imposée comme l'une des principales « icônes de la Shoah », au point que plusieurs personnes crurent se reconnaître dans le petit garçon ou bien l'identifièrent comme étant l'un de leurs proches.

    © Mémorial de la Shoah/CDJC.

  • En France, les déportations débutent le 27 mars 1942. Les 16 et 17 juillet 1942, lors de la rafle du Vél' d'Hiv, les premiers enfants sont arrêtés par la police française comme en atteste la circulaire, conservée au Mémorial de la Shoah, qui précise la marche à suivre pour leurs arrestations. Enfermés au Vélodrome d'Hiver avec leur famille puis transférés dans les camps du Loiret, 3 000 enfants y sont laissés seuls après la déportation de leurs parents : plusieurs correspondances désespérées nous permettent de suivre le destin de Marcel Borensztajn (ci-contre).

    © Mémorial de la Shoah/CDJC.

  • Dessin de Georges Horan, représentant l'arrivée des enfants internés au camp de Drancy à la gare du Bourget-Drancy (Seine-Saint-Denis). France, 1945.

    © Mémorial de la Shoah/CDJC.

Déportation et assassinat

  • Heinrich Himmler dans un discours prononcé à Posen en octobre 1943 déclare : « Je ne me sentais en effet pas le droit d'exterminer les hommes […] et de laisser grandir les enfants qui se vengeraient sur nos enfants et nos descendants. Il a fallu prendre la grave décision de faire disparaître ce peuple de la terre. »

    Enfants libérés à Birkenau. Février-mars 1945. Image extraite d'un film documentaire conservé dans le fonds du Musée de médecine militaire de Saint-Pétersbourg (Russie). Les images ont été tournées entre fin février et début 1945 par une équipe de tournage du Premier Front ukrainien.
    Coll. Mémorial de la Shoah.

  • Décidée à l'automne 1941, la « Solution finale de la question juive » est techniquement mise au point début 1942 lors de la conférence de Wannsee. Les nazis acheminent des « trains spéciaux » venus de toute l'Europe vers six centres d'extermination en Pologne dotés de chambres à gaz.
    Les jeunes enfants n'ont pratiquement aucune chance de survivre : ils partagent le sort des plus âgés et sont immédiatement assassinés, souvent avec leurs mères.

    Juifs hollandais rassemblés sur une place, en vue de leur déportation. Pays-Bas, après 1942
    © Mémorial de la Shoah / CDJC

  • Les travaux réalisés par le musée d'Auschwitz estiment à 232 000 le nombre d'enfants de moins de 18 ans parmi les 1 300 000 personnes déportées à Auschwitz entre 1940 et 1945. 216 000 enfants juifs sont assassinés dans les chambres à gaz immédiatement après leur arrivée.

    Femmes et enfants juifs hongrois jugés inaptes au travail sur le chemin de la chambre à gaz n°4 du camp d'Auschwitz-Birkenau. Birkenau, Pologne, mai 1944.
    © Yad Vashem

  • En juin 1941, l'avancée de l'armée allemande vers l'URSS s'accompagne de l'élimination massive de Juifs par fusillades. En quelques mois, les Groupes d'intervention du Reich (Einzatsgruppen) font plus de 1.5 millions de morts, dans des conditions particulièrement odieuses en ce qui concerne les enfants, ne leur épargnant aucune cruauté.

    Photographe dans l'unité de propagande de la sixième armée allemande, Johannes Hähle, réalise un reportage sur les étapes de l'exécution des Juifs de Lubny en Ukraine le 16 octobre 1941: ici les Juifs et leurs enfants sont rassemblés dans l'attente de leur déshabillage puis de leur exécution. Johannes Hähle.
    © Hamburger Institut für Sozialforschung, Allemagne. D.R.

  • Thomas Geve, jeune juif berlinois, est déporté à Auschwitz en 1943. Malgré ses treize ans il est sélectionné pour le travail. Après les « Marches de la mort », trop faible pour être évacué, il resta à l'infirmerie de Buchenwald un mois, au cours duquel il fait en 79 dessins le récit de ses années de déportation, sur un bloc de formulaires SS de format 10 x 15 cm et avec quatre petits morceaux de crayons.

    Dessins de Thomas Geve, Buchenwald, 1945.
    Coll. Yad Vashem, Jérusalem.

Résistance et sauvetage

  • Les Enfants cachés de Robert Bober.

    Mémorial de la Shoah, 2004. Textes lus par Anouk Grinberg.

  • La question du sauvetage des enfants diverge entre l'Est et l'Ouest. À l'Est, il est à l'évidence beaucoup plus difficile de mettre en place des circuits d'évacuation et des refuges pour nombre d'enfants : si sauvetage il y a, il est le fait soit d'initiatives de familles qui confient, souvent moyennant finances, leurs enfants à des familles catholiques, soit de quelques réseaux juifs.

    Portrait de Rosian Bagriansky, enfant cachée dans une ferme. Kulautova, Lituanie, 1944.
    © United States Holocaust Memorial Museum, courtesy Rosian Zerner.

  • À l'Ouest le sauvetage des enfants juifs fut possible grâce à la mise en place de filières constituées de réseaux juifs et non juifs. Passages clandestins de frontières, planque des enfants dans des familles et des institutions catholiques, ou encore dans des homes d'enfants juifs.

    Dessin d'un enfant réfugié au Château de la Guette racontant le chemin parcouru par sa lettre pour parvenir à sa mère. France, 1939.
    © Château de la Guette.

  • Arrivée en France des jeunes rescapés du camp de Buchenwald, gare de Thionville, le 6 juin 1945.

    © Mémorial de la Shoah/CDJC